Quel est l’impact carbone de l’alimentation ?

Par La rédaction de l'empreinte carbone , le 1 septembre 2023 - 9 minutes de lecture
Plat wok au riz thaï, Crédit Adil Benayache/SIPA

Plat wok au riz thaï, Crédit Adil Benayache/SIPA

Saviez-vous que notre alimentation possède une empreinte carbone ? Et oui, nos habitudes et régimes alimentaires sont sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Le contenu de notre assiette influe donc considérablement sur notre impact écologique !

En effet, produire un litre de lait, élever une vache ou faire pousser une carotte nécessite de l’énergie, de l’eau et des surfaces agricoles. Quelle est l’empreinte carbone de notre alimentation ? Comment la réduire ? On vous a concocté un petit article maison.

Consommation de viande et impact carbone

Selon l’ONG Greenpeace, « Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, l’élevage représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre ». En termes d’émissions de CO2, la production de viande et de produits laitiers est donc loin de compter pour du beurre ! Comment expliquer cela ?

L’élevage, une activité humaine délétère pour la planète 

Les chiffres sont sans appel : l’élevage génère aujourd’hui autant d’émissions de gaz à effet de serre que le secteur des transports. Par ailleurs, un kilo de viande produit entraîne l’émission de 5 à 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’un kilo de céréales (ADEME, Quel est l’impact de notre alimentation sur l’environnement ?) Comment expliquer un tel impact ? Regardons les chiffres de plus près.

D’après l’Organisation mondiale des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 50% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage sont du méthane. Celui-ci est notamment produit par :

🐄 Le processus de digestion des ruminants qui conduit à la production de fumier ;

🐄 La culture du riz destinée à la nourriture animale. En effet, la décomposition de matière organique dans les rizières inondées produit du méthane (CH4) ;

Passons ensuite au CO2. Celui-ci représente 25% des émissions de GES du secteur de l’élevage. Ces rejets de CO2 sont dus en majorité à :

🌲 La déforestation. Le déboisement permet d’installer des plantations de soja à des fins d’alimentation animale. Cela vise aussi à augmenter le nombre de pâturages ;
🚜 Le recours aux énergies fossiles pour alimenter les engins agricoles, en d’autres mots, le carburant utilisé par les tracteurs

Enfin, le protoxyde d’azote (N2O) correspond à 25% des émissions du secteur. Il est généré par l’utilisation d’engrais azotés dans les cultures destinées à l’alimentation du bétail et par les déjections animales.

Quelle est la viande la plus polluante ?

Parmi les différents types de viande, le bœuf est le principal émetteur de gaz à effet de serre. Dans la mesure du possible, remplacez donc votre steak haché préféré par du poulet ou du porc, ou mieux, par des protéines végétales

Bon à savoir : Au-delà des enjeux environnementaux, la production de viande pose un problème humain. Elle entraîne une hausse du prix des denrées agricoles et empêche l’accès économique à certains produits. Conséquence, elle fomente la malnutrition

L’association de protection des animaux L214 fait savoir qu’entre 2000 et 2030 une « baisse de 20% de la production mondiale de viande entraîne une baisse du prix de nombreux aliments d’origine végétale. La ration calorique par habitant augmente dans les pays du Tiers-Monde, notamment en Afrique subsaharienne (+81 calories par personne et par jour). Le nombre d’enfants en bas âge souffrant de malnutrition diminue de 2,2 millions. ».

En limitant votre consommation de viande et de produits laitiers comme le lait ou les yaourts, vous faites donc coup double ! Vous réduisez votre empreinte carbone ET vous agissez à votre échelle contre la malnutrition.

Produits alimentaires : quelle empreinte carbone ?

Les fruits, les légumes et les céréales ont également une empreinte carbone. D’après Carine Barbier, ingénieure au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, 67% des aliments solides que nous ingérons sont d’origine végétale.

Ce sont donc les premiers éléments constitutifs de notre alimentation. Le bilan carbone de ces aliments se décompose en plusieurs facteurs.

Une production agricole française déséquilibrée 

En premier lieu, la production agricole en France fait face à un déséquilibre. Comme l’explique l’Ademe, dans l’Hexagone, « la consommation de viande et de lait mobilise plus de 80% de la surface agricole utile nécessaire à la totalité́ de notre alimentation ». Outre les rejets de méthane et de protoxyde d’azote que cela induit, nous sommes donc contraints d’importer des produits alimentaires aux détriments de produits agricoles locaux.

Ces importations, et plus globalement le transport de denrées alimentaires, pèsent sur l’environnement. Au total, en France, le transport de produits alimentaires aura généré 22 millions de tonnes de CO2. D’après l’Ademe, « 23% de ces émissions proviendraient de produits d’origine domestique, 15% d’origine européenne et 62 % du reste du monde ». C’est tout de même dommage lorsqu’on sait que la France dispose d’une surface agricole qui lui permet de répondre aux besoins de sa population. Pourquoi ne pas remplacer votre avocado toast matinal ou votre banana bread au beurre de cacahuète par une alternative plus locale ? On vous suggère le pumpkin bread au caramel au beurre salé, un savoureux petit-déjeuner entièrement made in France

Gare aux produits transformés !

La transformation des aliments a également une influence sur la planète. Pour réduire l’impact carbone de votre alimentation, limitez donc votre consommation de produits transformés. En plus d’être mauvais pour la planète, ces produits sont d’ailleurs particulièrement néfastes pour votre santé. Reposez donc ce plat préparé en rayon, et enfilez votre tablier pour vous concocter une bonne soupe maison ! 

Repenser votre alimentation pour la rendre moins carbonée, c’est aussi l’occasion de repenser votre rapport à la cuisine et à la nourriture et de le rendre plus terre à terre ! (Oui, notre équipe aime toujours autant les jeux de mots). 😉 

Selon les études de l’ADEME, le temps consacré à la préparation des repas a diminué de 25% entre 1986 et 2010 (Mieux manger, moins gaspiller, moins polluer). Il serait temps d’y remédier ! 

Privilégier le vrac pour limiter son empreinte carbone

Enfin, l’emballage des aliments a également un impact considérable sur la planète. A ce titre, l’exemple des boissons est frappant. L’Ademe estime que plus de la moitié des boissons consommées sont embouteillées. Si on se focalise sur l’eau, en moyenne, les Français.es boivent 331 grammes d’eau par jour contre 385 d’eau en bouteille. Cette situation conduit à la production de contenants en plastique ou en verre et engendre des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ainsi, la fabrication d’une tonne de Polyéthylène terephtalate (PET) qualité bouteille émet 3 410 kg équivalent CO2 par tonne

Ici encore, changer vos habitudes de vie peut avoir un impact considérable ! Privilégiez l’eau du robinet, à condition bien sûr qu’elle soit potable dans votre lieu de résidence. Faites vos courses dans une épicerie en vrac, chez un primeur, ou même sur un marché de producteurs locaux ! Vous éviterez ainsi d’acheter des fruits et légumes suremballés dans un supermarché, et soutiendrez directement l’émergence de nouveaux circuits courts dans votre région. 

Le transport des denrées alourdit l’empreinte carbone de l’alimentation

Pour nous alimenter, il faut bien souvent nous déplacer (au supermarché, au marché, à la boutique en vrac, chez le producteur, etc.). Au total selon l’Ademe, 8% de la mobilité totale française est liée à notre alimentation. Cela recouvre :

🛒 Les achats de produits alimentaires dans le commerce ;
🛒 L’alimentation hors domicile (restaurants, cafés, etc.)

La majorité de ces achats implique l’utilisation d’une voiture ce qui engendre l’émission de CO2. Au total, 8,5 Mt CO2 sont émises chaque année pour l’achat d’aliments. L’impact carbone de notre alimentation rejoint donc celui des transports.

Réduire l’impact carbone de son alimentation

Pour réduire son impact carbone alimentaire, il faut « manger engagé ». Manger engagé, qu’est-ce que cela signifie ? Simplement qu’il faut revenir à plus de simplicité. 😊 Vous avez déjà entendu la formule « less is more* » ? Cela s’applique parfaitement à l’alimentation. En effet pour s’engager dans la voie du développement durable, il faut adopter une alimentation :

🍏 Idéalement bio, et donc sans pesticides et  sans engrais ;
🍏 Naturelle, sans transformation et sans emballage ;
🍏 Locale, afin de réduire au maximum les émissions liées au transport ;
🍏 Végétarienne ou Flexitarienne, pas de viande ou moins de viande et pour beaucoup moins de produits laitiers ;
🍏 Maison, pour éviter le transport et l’emballage des livraisons de plats cuisinés.

Alors, on se doute bien que changer vos habitudes alimentaires et votre mode de vie du jour au lendemain, ça risque d’être compliqué. C’est souvent plus facile de mettre en place une stratégie des petits pas. Par exemple, vous pouvez commencer par deux jours sans viande dans la semaine, puis continuer progressivement sur votre lancée. De même, vous pouvez décider de faire vos confitures maison, plutôt qu’acheter des produits industriels au supermarché. Ce sont là des petits gestes simples. Et mis bout à bout, ils permettent de lutter contre le changement climatique et de rendre votre alimentation meilleure pour l’environnement et pour votre santé ! Un petit pas pour vous, un grand pas pour la planète !

*traduction : le moins est le mieux



En savoir plus

🌱 Quel est l’impact carbone des transports ?
🌱 Déterminer l’empreinte carbone de mon logement
🌱 Déterminer l’impact de sa consommation digitale

La rédaction de l'empreinte carbone

Le site https://lempreintecarbone.fr/ a été l'initiateur de https://deklic.eco/, et fut créé dans le but, d'une part d'aider les internautes à évaluer leur empreinte carbone et, d'autre part de les aider à découvrir des stratégies pour la réduire. Il s'est engagé à répondre à des questions telles que quel est l'impact environnemental des entreprises, des produits et des moyens de transport. L’équipe éditoriale a aussi approfondi plus largement le domaine de l'environnement en fournissant des articles expliquant les événements historiques clés et les décisions prises par les États en faveur de la protection de notre planète. Parmi ceux-ci, on peut citer le Défi de Bonn pour la reforestation, le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) ou encore la conférence des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm. Enfin, de nombreux contenus pratiques ont été rédigés pour aider les internautes à réduire leur empreinte carbone, avec des réponses à des questions de tout un chacun comme "10 conseils pour réduire votre consommation électrique", "comment fabriquer sa propre lessive" et "est-il plus écologique de faire la vaisselle à la main ?". 
 Ces articles ont été rédigés par Caroline, Héloïse et Amandine, qui ont apporté leur contribution précieuse à ce projet.    

Voir les publications de l'auteur