L’empreinte carbone, c’est l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre rejetées par un être humain, une entreprise ou encore un pays. Elle permet de mesurer les effets de chacun et de chacune sur le réchauffement climatique. Et moins on y participe, mieux c’est ! 😉
À combien sont portées les émissions de CO2 par habitant.e dans le monde ? Y-a-t-il une grande différence entre l’empreinte carbone de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du Nord ? Ou au contraire la répartition est-elle homogène ? C’est ce que l’empreinte carbone va tenter de démêler dans cet article. C’est parti pour un voyage autour du globe ! 🌍

Quelle est l’empreinte carbone moyenne d’un être humain sur Terre ?
Selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’empreinte carbone moyenne d’un être humain sur terre est de 4,372 tonnes de CO2 par an (chiffres 2015).
Pour vous donner une idée, une tonne d’émissions de CO2 équivaut à un vol aller/retour Paris-New-York par passager. En moyenne, un Terrien.ne consomme donc l’équivalent de 4 allers-retours Paris-NY. Alors beaucoup ou pas beaucoup ?
Plutôt beaucoup ! En théorie, pour respecter les engagements pris lors de l’accord de Paris, il faudrait limiter notre empreinte carbone entre 1 et 2 tonnes par habitant.e du monde. Cela permettrait de ne pas dépasser 1,5°C à 2°C d’ici 2100.
D’autant plus que l’étude de l’OCDE prend simplement en compte, les rejets de CO2 d’origine énergétique. Elle ne s’attache pas à regarder la consommation de viande ou les usages digitaux des ménages. On peut donc penser que l’empreinte carbone de chacun.e est bien plus importante.
Des disparités géographiques importantes
Les émissions de CO₂ par pays
Sans surprise, les pays qui polluent le plus de par leurs émissions de gaz à effet de serre sont les pays les plus peuplés et les plus industrialisés au monde : en tête, la Chine, puis les États-Unis et enfin l’Inde.
Pays | Empreinte carbone par pays en tonnes de CO₂ |
Chine | 9,84 milliards de tonnes de CO₂ |
États-Unis | 5,26 milliards de tonnes de CO₂ |
Inde | 2,46 milliards de tonnes de CO₂ |
En 2017, la Chine émettait 9,84 milliards de tonnes de CO₂. Elle a connu une croissance exponentielle de ses émissions dans les années 2000 en raison de l’exploitation massive du charbon, une énergie extrêmement polluante pour l’environnement. Aujourd’hui, ses émissions carbone se sont stabilisées mais constituent tout de même un record planétaire en termes de pollution.
Les États-Unis étaient quant à eux émetteurs d’environ 5,26 milliards de tonnes de CO₂ en 2017. Ces émissions sont principalement dues à la combustion de ressources fossiles comme le pétrole et le charbon, mais aussi à la production de ciment, qui génère beaucoup de CO₂.
Enfin, en 2017, l’Inde a rejeté près de 2,46 milliards de tonnes de gaz carbonique. Depuis quelques années, le pays fait des efforts en matière de transition énergétique. Il affiche un meilleur mix charbon-énergies renouvelables dans la production d’électricité.
À titre de comparaison, la France n’a produit “que” 356 millions de tonnes de gaz carbonique sur la même période grâce à son industrie nucléaire très développée, et qui génère moins de pollution que l’industrie pétrolière par exemple.
L’Allemagne est quant à elle le pays d’Europe le plus polluant avec 799 millions de tonnes de CO émis, en raison de son recours massif au charbon.
Les émissions de CO₂ par personne
Si la moyenne est portée à 4,372 tonnes de CO2 par an et par personne, elle est loin d’être homogène. En effet, tout le monde ne consomme pas pareil et cela se note au niveau géographique. C’est ce que montre le tableau suivant issu des données de l’OCDE.
Comparaison de l’empreinte carbone par habitant en fonction de son pays de résidence en 2015 (émissions de CO2 d’origine énergétique) – OCDE | ||
Pays / région | Empreinte carbone par personne en tonne de CO2 | PIB par habitant en dollars US (2018) |
Arabie Saoudite | 18,856 | 23 338,96 |
USA | 18,112 | 62 794,59 |
Allemagne | 10,445 | 47 603,03 |
EU28 (avant le Brexit) | 7,811 | 30 200 |
Royaume-Uni | 8,805 | 42 943,90 |
Espagne | 6,333 | 30 370 |
France | 6,904 | 41 463,64 |
Cambodge | 0,812 | 1 510,32 |
Brésil | 2,308 | 8 920,76 |
Monde | 4,372 | – |
Inde | 1,466 | 2 009,98 |
Chine | 5,711 | 9 770,85 |
Russie | 8,114 | 11 288,87 |
Comment expliquer de telles disparités en matière de production de dioxyde de carbone ? Il s’agit d’un ensemble de facteurs. Regardons cela à la loupe. 🔍
Empreinte carbone par habitant.e et niveau de vie
Il faut rappeler que l’empreinte carbone est une mesure de notre consommation. Or, cela est très lié à notre niveau de vie. C’est à dire à notre possibilité de consommer soit pour des raisons :
- De revenus. Moins on a de moyens moins on peut s’équiper, notamment s’équiper en électroménager ou acheter une voiture ou un deux-roues ;
- D’accès aux énergies et notamment au réseau électrique.
C’est tout l’intérêt de le mettre en perspective avec le PIB. Globalement, on voit bien que plus le PIB monte, plus on a tendance à émettre du CO2.
Les habitant.es du Cambodge, pays parmi les plus pauvres de la planète, ont une empreinte carbone très faible. Et malheureusement, cela peut s’expliquer par le faible niveau de raccordement de la population à l’électricité. Selon, les données de l’Agence Française de Développement (AFD), « seulement 25% des foyers cambodgiens ont accès au réseau d’électricité ». La demande intérieure d’électricité reste donc relativement faible.
Au contraire, les pays du Golfe, qui sont particulièrement riches en raison de l’exploitation pétrolière, sont ceux qui ont l’empreinte carbone par habitant la plus élevée. D’après un rapport de GLOBAL CARBON ATLAS datant de 2017, un Qatari émet près de 50 tonnes de CO₂ par an. En cause : les millions de climatiseurs qui consomment 60 % de l’énergie du pays (difficile de s’en passer en plein désert 🥵), une électricité produite à partir du pétrole, ainsi que l’utilisation de véhicules haut-de-gamme très énergivores.
Le poids du mix énergétique
D’autre part, l’équilibrage du mix énergétique dans la production d’électricité joue sur l’empreinte carbone. L’exemple de l’Arabie Saoudite est frappant. Si le pays témoigne d’une forte empreinte carbone, c’est notamment du fait de sa production d’électricité.
Selon l’Ambassade de France en Arabie Saoudite, « À fin 2018, le mix électrique du pays se décomposait comme suit : 60,8% de la capacité installée pour les centrales thermiques au gaz, 17,8% pour les centrales au fioul, 17,7% pour les centrales à cycle combiné, et 3,7% centrales à générateur diesel. ». Le pays étant un grand producteur d’hydrocarbures, pour des raisons économiques, a basé son mix énergétique sur les énergies fossiles. Or, ce sont les énergies qui rejettent le plus de CO2 lors de leur combustion. Si l’on en croit l’Ademe, produire 1 kWh d’électricité avec du gaz rejette 418 grammes de CO2 contre 7 pour l’éolien et 6 pour l’hydraulique.
À l’inverse, le Brésil témoigne d’une empreinte carbone par habitant.e relativement faible. Hormis les questions évidentes de niveau de vie, cela s’explique aussi par le choix d’une électricité verte, en majorité. En 2019, 62,5% de l’électricité brésilienne était produite par la filière hydraulique et 16,6% par d’autres énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.).
De même, les pays anglo-saxons tels que le Royaume-Unis, (mais aussi l’Australie ou la Nouvelle-Zélande que l’on ne voit pas dans ce tableau), ont un mix énergétique global très charbonné, ce qui a un impact direct sur l’empreinte carbone à l’échelle du pays.
Empreinte carbone par habitant dans le monde : quelles perspectives ?
L’évolution de l’empreinte carbone dans le monde est maintenant liée au développement des réseaux d’électricité et aux politiques énergétiques des États.
Évidemment, on doit souhaiter à tous les ménages de pouvoir avoir accès à l’électricité. C’est pourquoi, pour réduire l’empreinte carbone mondiale, il convient de développer les énergies renouvelables.
Cependant, il existe d’autres pistes pour réduire l’empreinte carbone par habitant dans le monde.
D’après une étude de l’Ademe, sachant qu’un Français rejette dans l’atmosphère en moyenne 3,2 tonnes de CO₂ par an pour se déplacer, il faut mettre l’accent sur le développement de modes de transport peu émetteurs de CO₂ tels que les voitures électriques (à condition d’utiliser de l’énergie renouvelable et décarbonée pour les recharger), ou encourager à l’échelle nationale l’utilisation des transports en commun.
Et, chez L’empreinte carbone, nous sommes d’incorrigibles optimistes ! On vous laisse donc sur une analyse de Fatih Birol, le directeur de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) : « Mon constat est que le solaire est en passe de devenir le nouveau roi des marchés mondiaux de l’électricité. Sur la base des paramètres politiques actuels, il est en passe d’établir de nouveaux records de déploiement chaque année après 2022. Si les gouvernements et les investisseurs intensifient leurs efforts en matière d’énergie propre, conformément à notre scénario de développement durable, la croissance des énergies solaire et éolienne serait encore plus spectaculaire – et extrêmement encourageante pour relever le défi climatique mondial. » Ça fait chaud au cœur, non ? ☀️