Quelle est l’empreinte carbone de l’Asie ?

Par La rédaction de l'empreinte carbone , le 1 septembre 2023 — transition écologique - 8 minutes de lecture
Jakarta, capitale de l'Indonésie, photographiée en 2022. Crédit Asyraf Rasid/Shutterstock/SIPA

Jakarta, capitale de l’Indonésie, photographiée en 2022. Crédit Asyraf Rasid/Shutterstock/SIPA

Avec une population estimée de 4,8 milliards d’habitants en 2023 (INED, d’après le World Population Prospects 2022 publié par l’ONU), l’Asie est le continent le plus peuplé du monde. En tête, la Chine et l’Inde bien évidemment. Et une démographie importante joue-t-elle sur les émissions de gaz à effet de serre ? Quelle est l’empreinte carbone de l’Asie et dans quelle mesure contribue-t-elle au changement climatique ?

Évidemment, il serait compliqué de s’attacher à détailler l’empreinte carbone de chaque pays d’Asie en un seul article. Nous nous sommes donc focalisés sur l’empreinte carbone de la Chine et l’empreinte carbone du Bhoutan. Préparez votre passeport, embarquement immédiat pour l’Empire du Milieu !

La Chine est le plus grand émetteur mondial de GES 

En valeur absolue, la Chine est aujourd’hui le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre.

Comme l’explique le gouvernement français, « compte tenu de sa taille et de sa croissance économique, la Chine est dorénavant le premier émetteur mondial de CO2. » (article L’empreinte carbone – Comparaisons mondiales, publié sur le site d’information national notre-environnement.gouv.fr). 

Les chiffres relatifs à l’empreinte carbone de la Chine ont de quoi donner le tournis. Elle était en 2019 responsable de 30,3 % des émissions de GES au monde (Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires dans l’édition 2022 des Chiffres clés du Climat – France, Europe et Monde), loin devant les Etats-Unis (13,4 %) et l’Union Européenne (7,7 %) et l’Inde (6,8 %). En voilà une première place de podium qu’on ne lui envie pas ! 

La Chine est également l’un des plus gros contributeurs à la hausse des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale ces dernières années. Entre 1990 et 2019, les émissions mondiales ont ainsi augmenté de 68 %. A l’échelle de la Chine, ce chiffre s’élève à 380 %, contre -23,1% pour l’Union Européenne. Cette augmentation s’explique aisément par le développement fulgurant du pays au cours des dernières décennies. On retrouve d’ailleurs une augmentation similaire pour l’Inde (+ 330%), qui a également connu une croissance spectaculaire ces dernières années. 

Pour plus d’informations sur le sujet, n’hésitez pas à lire notre article dédié à l’évolution de l’empreinte carbone dans le monde.

Quelle est l’empreinte carbone par habitant en Chine ?

Compte-tenu des données mentionnées plus haut, il est tentant d’imputer à la Chine et à ses habitants la majeure partie du dérèglement du climat. Attention, une petite minute avant de leur jeter la pierre ! La réalité est bien plus nuancée que cela, et nous allons tout de suite vous expliquer pourquoi. 

Une empreinte carbone par habitant deux fois moins élevée qu’aux États-Unis

Pour bien comprendre, il faut s’intéresser à l’empreinte carbone par habitant et à ses fortes disparités à l’échelle internationale.  

En 2019, elle s’élevait en Chine à 8,3 tonnes de CO2 (source : édition 2022 des Chiffres clés du climat, Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires). À titre comparatif, elle était de : 

  • 5 tonnes à l’échelle mondiale ;
  • 6,6 tonnes au sein de l’Union Européenne ;
  • 15,6 tonnes aux Etats-Unis. Oui, vous avez bien lu, en moyenne, un américain pollue donc environ 2 fois plus qu’un chinois ! 

Cette disparité se retrouve dans d’autres indicateurs d’intensité énergétique, comme la consommation d’énergie primaire par population, bien plus élevée dans les pays développés comme les Etats-Unis ou le Canada qu’en Chine.

En 2019, elle était ainsi de 22 MWh par habitant à l’échelle mondiale, mais de 95 MWh par habitant au Canada contre un peu plus de 25 MWh par habitant en Chine (source : édition 2020 des Chiffres clés de l’énergie publiés par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des territoires). 

Une empreinte carbone par habitant en forte hausse 

Pour le moment, il serait donc injuste de tenir pour majoritairement responsables la Chine et ses habitants des bouleversements que connaît aujourd’hui notre planète

Compte-tenu de l’évolution plus que conséquente de l’empreinte carbone par habitant en Chine ces dernières décennies (+ 290% entre 1990 et 2019), ce constat est cependant susceptible d’évoluer ! Affaire à suivre donc. 😉

La Chine entend-elle réduire son empreinte carbone ?

En 2016, la Chine avait réjoui le monde entier en signant l’Accord de Paris. Pour rappel, cet accord prévoit de limiter le réchauffement climatique à 2°C maximum – 1,5°C si possible – d’ici la fin du siècle par rapport au niveau préindustriel.

En 2020, elle avait également créé la surprise lorsque son président Xi Jinping avait annoncé son ambition d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2060. Un objectif particulièrement ambitieux de réduction de son empreinte carbone, qui pourrait permettre au monde entier d’atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris et donc renforcer considérablement la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour atteindre cet objectif, la Chine s’était dotée d’objectifs court-terme, à horizon 2030 : 

  • Réduire son intensité carbone de plus de 65%. Pour rappel, on entend par intensité carbone les émissions de CO2 rapportées au PIB. Entre 1990 et 2019, la Chine avait déjà réduit de façon historique l’intensité carbone de sa production de richesse, qui avait diminué de 66 % (Chiffres clés du climat, édition 2022) ;
  • Augmenter la part des énergies renouvelables à 25% de la consommation d’énergie primaire contre 15,3% en 2019. En 2019, la Chine était déjà le premier producteur mondial d’énergies renouvelables, devant l’Inde et l’Union Européenne ; 
  • Augmenter la capacité totale installée d’énergie renouvelable à plus de 1 200 GW, notamment grâce à l’énergie éolienne et à l’énergie solaire ;

En 2021, la Chine avait également annoncé la création de son propre marché du carbone, le plus grand au monde en matière d’émissions couvertes, même si celles-ci ne sont pour le moment liées qu’à l’électricité. 

Elle avait par la suite réaffirmé son engagement dans la lutte contre le changement climatique en 2022 à l’occasion de la COP 27. Les dirigeants chinois s’y étaient malheureusement toutefois illustrés par leur absence, tout comme les dirigeants américains. 

À la demande de la Chine, l’Agence Internationale de l’Energie s’est penchée sur le potentiel de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Les conclusions de l’étude sont édifiantes : la Chine pourrait être en mesure d’atteindre la neutralité carbone en 2050, soit 10 ans avant son objectif, à condition notamment de réduire drastiquement sa consommation de charbon. Voilà qui a de quoi donner du baume au cœur ! 

Bhoutan : une empreinte carbone négative

Pour terminer cet article sur note positive, partons maintenant en direction du Bhoutan

Pourquoi le Bhoutan ? Parce qu’il est l’un des seuls pays au monde à témoigner d’une empreinte carbone positive. Il absorbe trois fois plus de dioxyde de carbone qu’il n’en rejette. La raison ? Une attention très particulière portée à la défense de l’environnement et notamment des forêts. La Constitution demande à ce que celles-ci représentent 60% de son territoire. Pari tenu puisqu’aujourd’hui, son sol est couvert à plus de 70% de forêts.

D’autre part, le pays produit presque toute son électricité grâce à l’énergie hydraulique. Il bénéficie d’une énergie 100% verte qui produit très peu de carbone.

Le Bhoutan serait-il donc un pays tout vert ? 💚  Presque ! Le nombre de voitures présentes sur le sol bhoutanais augmente ce qui met en péril leur joli record sur l’empreinte carbone. En effet, qui dit voiture, dit souvent carburant. Selon France Inter, en 2019, « il y en a désormais plus de 100 000 contre 19 000 au début de ce siècle ». Face à cela, le gouvernement a levé les taxes sur les voitures électriques. Il espère ainsi inciter les habitant.es à passer à des modèles moins polluants. Habile, non ?

Vous voulez vous inspirer du Bhoutan et réduire votre empreinte carbone ? C’est possible ! Et pour ça, jetez un œil à notre article Les actions pour réduire les émissions de CO2” ! 😉

L’empreinte carbone à travers le monde

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La rédaction de l'empreinte carbone

Le site https://lempreintecarbone.fr/ a été l'initiateur de https://deklic.eco/, et fut créé dans le but, d'une part d'aider les internautes à évaluer leur empreinte carbone et, d'autre part de les aider à découvrir des stratégies pour la réduire. Il s'est engagé à répondre à des questions telles que quel est l'impact environnemental des entreprises, des produits et des moyens de transport. L’équipe éditoriale a aussi approfondi plus largement le domaine de l'environnement en fournissant des articles expliquant les événements historiques clés et les décisions prises par les États en faveur de la protection de notre planète. Parmi ceux-ci, on peut citer le Défi de Bonn pour la reforestation, le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) ou encore la conférence des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm. Enfin, de nombreux contenus pratiques ont été rédigés pour aider les internautes à réduire leur empreinte carbone, avec des réponses à des questions de tout un chacun comme "10 conseils pour réduire votre consommation électrique", "comment fabriquer sa propre lessive" et "est-il plus écologique de faire la vaisselle à la main ?". 
 Ces articles ont été rédigés par Caroline, Héloïse et Amandine, qui ont apporté leur contribution précieuse à ce projet.    

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