Le Défi de Bonn : les enjeux de la reforestation

Par La rédaction de l'empreinte carbone , le 1 septembre 2023 — Protection de l’environnement - 10 minutes de lecture
Reforestation

Crédit : Steven Kamenar/Unsplash

D’après l’association environnementale WWF, 20 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la déforestation. Un problème devenu capital dans le monde ! Pour y faire face a été lancé le défi de Bonn, une action internationale de reforestation. On vous en dit tout de suite plus sur ce projet. Vous allez voir cela envoie du bois. 😉

Le Défi de Bonn sur la reforestation : qu’est-ce que c’est ?

Comme le rappelle l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), « Le Défi de Bonn (Bonn Challenge) est un effort mondial dont l’objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici à 2020, et 350 millions d’hectares d’ici à 2030 ».

Ce challenge a été lancé par le gouvernement allemand à Bonn en 2011. Puis, lors du Sommet sur le climat des Nations Unies de 2014, ont été définis les objectifs à horizon 2020 puis 2030 via la Déclaration de New York sur les forêts.

La grande force du défi de Bonn est de rassembler les États, mais aussi des associations et des entreprises. Comme l’explique le site web du projet, « Actuellement, plus de 70 participants de plus de 60 pays restaurent 210 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées ».

Un véritable succès

Oui ! On peut dire que le défi de Bonn est pour l’instant un succès. En 2017, l’objectif de 150 millions d’hectares dégradés reboisés a été atteint. Et ce n’est pas fini ! 

Si les engagements de 2030 sont une réussite, cela permettra d’éviter l’émission de 1,7 gigatonnes de CO2 équivalent par an. Cette reforestation de milliards d’arbres contribue à lutter contre le réchauffement climatique.

Outre l’aspect écologique, le Défi de Bonn est assorti d’une dimension économique. Comme l’explique l’UICN, « la réalisation de cet objectif de 350 millions d’hectares devrait générer environ 170 milliards USD par an en bénéfices nets, grâce à la protection des bassins versants, l’amélioration du rendement agricole et des produits forestiers ».

Les limites de ce challenge

Un beau projet certes ! Pour l’illustrer, on peut reprendre une jolie phrase de Jean Giono à propos de son œuvre l’Homme qui plantait des arbres*, « Le but était de faire aimer l’arbre ou plus exactement de faire aimer à planter des arbres (ce qui est depuis toujours une de mes idées les plus chères) ».

Aimer planter des arbres, c’est louable. Toutefois, il faut faire attention à ne pas faire un raccourci qui tiendrait à dire que « arbre + arbre + arbres x 1000000 = forêt ». C’est plutôt la définition d’une pépinière géante !

Or, des chercheurs de l’Université de Stanford aux Etats-Unis ont fait savoir que 80 % des projets liés au défi de Bonn concernent des plantations d’arbres en monoculture ou d’un panel de quelques cultures faciles à commercialiser…

C’est problématique pour la conservation de la planète bleue. Les écosystèmes forestiers reposent sur un équilibre complexe de faune et de flore. Planter des arbres en masse ne donnera jamais naissance à une forêt primaire. C’est la grande limite du défi de Bonn… Finalement, c’est aussi la critique que l’on peut faire à la compensation carbone. Compenser ses émissions de CO2, c’est bien, mais ça n’est pas suffisant. Il faut d’abord les réduire ! Pour la reforestation, c’est la même chose. Avant de reforester, il faut d’abord réduire la déforestation mondiale.

Qu’est-ce que la reforestation plus précisément ?

La reforestation est le processus consistant à replanter des arbres dans des zones où la végétation forestière a été perdue ou dégradée. Elle vise à restaurer les écosystèmes forestiers, à accroître la couverture forestière et à promouvoir la biodiversité. La reforestation peut être réalisée à petite échelle, par des individus ou des organisations locales, ou à grande échelle, par des gouvernements ou des initiatives internationales. 

La reforestation présente de nombreux avantages environnementaux et socio-économiques. Voici quelques-uns des principaux bénéfices :

Conservation de la biodiversité : Les forêts abritent une grande variété d’espèces végétales et animales.

🦋 La reforestation contribue à la préservation de la biodiversité en restaurant les habitats naturels et en fournissant un refuge pour de nombreuses espèces.

🌳 Stockage du carbone : Les arbres absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère lors de la photosynthèse. En replantant des arbres, la reforestation permet de stocker le carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.

💧 Protection des sols et des ressources en eau : Les racines des arbres aident à prévenir l’érosion des sols et à maintenir leur fertilité. Les forêts agissent également comme des filtres naturels pour l’eau, en régulant les débits, en réduisant les risques d’inondations et en améliorant la qualité de l’eau.

🌧 Régulation du climat local : Les forêts jouent un rôle dans la régulation du climat local en créant des microclimats plus humides et en atténuant les températures extrêmes. Elles contribuent également à la formation de précipitations (de la pluie).

💶 Source de revenus et de subsistance : La reforestation peut offrir des opportunités économiques et sociales aux communautés locales. Les forêts peuvent fournir du bois d’œuvre, des produits forestiers non ligneux, des emplois liés à la gestion forestière durable et le développement du tourisme écologique.

Selon l’école de Foresterie de l’Université de Moncton au Canada, « les produits forestiers non ligneux (PFNLs) sont des produits ou des sous-produits provenant d’organismes végétaux d’origine biologique, excluant tous les produits dérivés de la matière ligneuse (fibre) comme le bois de sciage, de pâte et autres. Ces produits sont récoltés ou cultivés dans une zone associée à la végétation arbustive ou arboricole. Par exemple, ils peuvent provenir d’une forêt, d’une friche, d’un sous-bois, d’une haie brise-vent, d’une plantation aménagée, etc. On peut regrouper les PFNLs selon quatre groupes (Turgeon M. 2003) : produits de l’alimentation (fruits sauvages, champignons, produits de l’érable, …), produits ornementaux (plantes à fleurs, sapins de noël, couronnes, …), produits pharmaceutiques et nutraceutiques (ginseng, if, gomme de sapin, …), produits manufacturés et les matériaux (huiles essentiels, alcools, …) »

La reforestation doit être réalisée de manière réfléchie, en prenant en compte les caractéristiques locales et les besoins des écosystèmes. Une planification appropriée, la participation des communautés locales et la protection à long terme des nouvelles forêts sont essentielles pour assurer le succès de la reforestation et la pérennité des bénéfices environnementaux. 🌳

Est-ce que les programmes de reforestation fonctionnent ?

Selon l’association Naturevolution, « ces campagnes de plantation d’arbres, comme celles de l’Ethiopie entre 2010 et 2015, cachent souvent une dure réalité : faute d’entretien, 75% des graines semées ou des arbres plantés n’ont pas survécu.

Mais des succès passés montrent que ces campagnes de reforestation – si tant est qu’elles soient bien réalisées – peuvent fonctionner :

🌳 En Corée du Sud, suite à un programme de reforestation massif qui a duré 25 ans, la part du territoire recouvert de forêts est passé de 35% à 64%.

🪴 La Chine reboise à grande échelle depuis les années 80, et prévoit de compléter en 2050 une ceinture forestière de 4500 km de long pour contenir l’expansion du désert de Gobi. Si le retour de la couverture forestière est un franc succès, la plupart des zones reforestées présentent une diversité végétale extrêmement faible : entre 2 et 5 espèces d’arbres, sur un pays qui fait 40 fois la taille de la France. Les nouvelles forêts ainsi recréées ne permettent pas le retour de la biodiversité.

🌲 La France compte aujourd’hui plus de forêts qu’au Moyen-Âge grâce aux politiques de gestion des forêts. La surface forestière augmente, seulement 1/3 de la production annuelle de biomasse étant récoltée. Le peu de diversité des forêts y est également critiqué, notamment pour faire face aux crises de la biodiversité et du réchauffement climatique. »

Réduire sa participation à la déforestation

Réduire la déforestation mondiale, cela doit passer par un engagement ferme de la part des États et des entreprises. C’est évident et le gros du travail est d’ailleurs de leur côté. Cela ne veut pas dire que les citoyen.nes ne peuvent pas agir à leur échelle. Bien au contraire !

Pour aller vers un mode de vie « zéro déforestation », plusieurs petits gestes peuvent être mis en place :

🧑‍🌾 Limiter sa consommation d’huile de palme en évitant d’acheter des pâtes à tartiner ou des biscuits industriels. Vous pouvez les remplacer par des alternatives produites localement ;

🪵 Ne pas acheter d’objets en bois exotique. D’un point de vue humain, cela permet aussi de ne pas participer au trafic de bois. Comme le souligne Greenpeace, « il induit une criminalité parfois violente, du travail forcé – y compris d’enfants – ainsi que des conditions de travail souvent désastreuses ». On privilégie les meubles issus de forêts françaises gérées durablement ;

🥛 Manger moins de viande et de produits laitiers. En effet, les cultures liées à l’alimentation du bétail contribuent à la déforestation, notamment en Amérique Latine. On remplace par des protéines végétales locales. On fait confiance à votre créativité pour faire de délicieuses salades de lentilles et autres pois cassés ! 😋

Ce ne sont là que des pistes d’actions. Si vous souhaitez réduire votre empreinte carbone, il existe plein d’autres petites habitudes à prendre. Se déplacer à vélo, choisir une offre d’électricité verte, on n’est pas à court d’idées ! Pour en savoir plus, on vous donne rendez-vous sur  l’application Coach Carbone d’ekWateur !

*L’Homme qui plantait des arbres vous connaissez ? Oui ? Non ? Quoi qu’il en soit, nous vous conseillons la lecture de cette œuvre. Pour l’anecdote, Giono a renoncé aux droits pour promouvoir les forêts françaises. Ecologiste avant l’heure, ce Giono ! 😉 Au lieu de regarder une énième série sur Netflix, vous pourrez voyager dans le sud de la France grâce à cette nouvelle. De quoi vous évader et réduire votre empreinte carbone digitale. Plutôt chouette, non ?

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La rédaction de l'empreinte carbone

Le site https://lempreintecarbone.fr/ a été l'initiateur de https://deklic.eco/, et fut créé dans le but, d'une part d'aider les internautes à évaluer leur empreinte carbone et, d'autre part de les aider à découvrir des stratégies pour la réduire. Il s'est engagé à répondre à des questions telles que quel est l'impact environnemental des entreprises, des produits et des moyens de transport. L’équipe éditoriale a aussi approfondi plus largement le domaine de l'environnement en fournissant des articles expliquant les événements historiques clés et les décisions prises par les États en faveur de la protection de notre planète. Parmi ceux-ci, on peut citer le Défi de Bonn pour la reforestation, le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM) ou encore la conférence des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm. Enfin, de nombreux contenus pratiques ont été rédigés pour aider les internautes à réduire leur empreinte carbone, avec des réponses à des questions de tout un chacun comme "10 conseils pour réduire votre consommation électrique", "comment fabriquer sa propre lessive" et "est-il plus écologique de faire la vaisselle à la main ?". 
 Ces articles ont été rédigés par Caroline, Héloïse et Amandine, qui ont apporté leur contribution précieuse à ce projet.    

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